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- Le Gardien a encore sauvé un chaton !
- Le staff est sadique et hystérique.
- Les typos rendent fous les administrateurs~
- L'ouverture vient de se faire félicitation !
- Des rumeurs circulent sur un futur magasin de nattō à Minato
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Morgane K. Beemer • L'éperon du navire ouvre nos champs d'azur
Morgane K. Beemer
Morgane Kirsten Beemer
ft. Nona de DEATH PARADE

Âge : 24 ans
Orientation sexuelle : Homosexuelle

Groupe : Atlante
Alignement : Neutre
Arme de base : Petit sabre traditionel de Niinamu


Royaume de départ : Niinamu
Lieu d'habitation: Morgane vit essentiellement à bord de son navire

Métier : Contrebandière, capitaine d'un petit navire
Caractère


Lorsque Morgane avait annoncé à son père sa décision de réhabiliter le vieux bateau familial afin de monter une affaire de commerce, ce dernier l'avait quasiment traitée d'inconsciente. On avait rarement vu une jeune femme de son âge se lancer sur les routes maritimes, seule et inexpérimentée. Mais au fond, l'idée de sa fille n'aurait pas vraiment dû l'étonner.
Toute petite déjà, Kirsten, comme il préférait l'appeler, faisait preuve d'un fort tempérament qui lui en avait fait voir de toutes les couleurs.
L'Atlante était ce genre d'enfant adorable en apparence, que personne n'aurait pu croire garçon manqué et curieuse, aimant faire tourner ses parents en bourrique et leur jouer de mauvais tours.
Elle avait toujours croqué la vie à pleines dents, et ne s'était jamais départie de sa malice naturelle et de son côté intrépide .
La jeune femme qu'elle était aujourd'hui cultivait un véritable amour de l'aventure ; rêveuse, elle s'était de nombreuse fois imaginée en mer à la recherche d'un trésor perdu, tracé à l'encre rouge sur une carte rongée par le temps. Son cœur battait au rythme de ses virées et de ses découvertes. Aussi, lorsqu'elle avait vu, enfant, ce petit navire arrimé depuis déjà quelques années au même quai, elle s'était promis d'un jour vivre à son bord, et de se lancer dans quelques épopées fantasques…
Bon. Avec un peu de recul, elle s'était vite rendue compte que la vie de contrebandière, bien qu'illégale, n'avait rien d'extraordinaire. Néanmoins, cela lui suffisait. Elle voyait du pays, rencontrait des gens aux personnalités atypiques, croisait parfois le chemin de babioles merveilleuses… Tous les jours étaient une aventure en soi, et elle suivait avec grand plaisir le fameux adage "Carpe Diem".

Morgane était une personne entière, qui ne mâchait pas ses mots. Du haut de son petit mètre soixante, elle tenait tête aux plus grands et aux plus culottés ; on la trouvait elle-même parfois grossière et excessive, mais elle préférait ne pas en tenir cas. Elle savait que se montrer faible et soumise la rétrograderait aux yeux de tous. Aussi, en tant que femme à son propre compte, plongée dans un milieu essentiellement masculin, elle préférait ne pas s'en laisser compter.
Ce trait de personnalité prédominant chez elle faisait souvent fuir les jeunes gens, étonnés par tant de fougue et de franchise. Elle était connue dans le milieu de la contrebande comme un loup blanc, redoutée pour ses coups fourrés et sa cruauté sans faille quand il s'agissait d'histoires de gros sous ou de concurrence. On l'évitait, on ne voulait pas avoir affaire avec elle… Seulement quelques privilégiés avaient la chance d'entretenir une entente cordiale avec Morgane; elle aimait d'ailleurs les aider et les recommander auprès de ses clients.
Car l'Atlante était aussi quelqu'un de fidèle et de juste. Elle cultivait l’entraide et favorisait ses amis et ses plus proches collègues. Quand elle reconnaissait la valeur d'un confrère, c'était pour de bon ; elle le couvait dès lors d'un regard tendre de mère qui voulait le bien de sa progéniture.
On pouvait la trouvait fière, imbue de sa personne, mais ce n'était sans doute qu'une illusion, alimentée par son petit jeu de femme implacable et autoritaire. Ceux qui la connaissaient vraiment savaient qu'elle ne s'était jamais considérée comme le phœnix du commerce maritime. La jeune femme s'était démenée pour arriver à se faire un nom, et craignait désormais de replonger à tout moment dans le néant. C'était sa hantise, sans doute son plus grand cauchemar. Ses plus proches associés la disaient même assez hésitante dans les moments délicats, perdant d'un seul coup son panache, comme si quelque chose s'était brisé à l'intérieur.
Morgane n'était pas forcément quelqu'un de fragile, mais plutôt quelqu'un qui redoutait l'échec plus que tout. Elle était ambitieuse, elle voulait réussir à tout prix ; c'était sans doute l'une de ses raisons de vivre, ce qui la faisait se sentir bien, se sentir forte et indépendante.

Dans un climat de confiance et d'amitié, la jeune femme se montrait souvent à l'écoute et compréhensive. Elle aimait parler, et était même particulièrement pipelette à certaines occasions. Ses amis devaient apprendre à mettre leur égo de côté car, taquine, elle les raillait et se moquait en permanence. Ce n'était pas du mépris, seulement un jeu chez elle. Braquer ses proches la faisait rire, et lorsqu'elle tombait sur quelqu'un d'indifférent, elle se trouvait un peu désemparée et devenait mutique. Parfois, quand elle était allée trop loin, elle se sentait coupable et faisait des pieds et des mains pour qu'on la pardonne. Elle était assez attachante au fond, malgré son côté exubérant.
Il était pourtant difficile de reprocher à certaines personnes de ne pas l'aimer ; Morgane ne pouvait pas plaire à tout le monde, et ce n'était pas vraiment étonnant. D'ailleurs, elle n'avait pas beaucoup d'amis, de véritables compagnons qui pouvaient rester avec elle des jours durant sans se plaindre ou rester impassible sous les quolibets.
Rich était l'un d'eux. Cinq ans de vie commune leur avait permis de tisser des liens forts et quasi-indestructibles. Il savait faire la part des choses, rester calme en toutes circonstances et reconnaître les qualités de la jeune femme. Il la trouvait par ailleurs intéressante et bienveillante ; seules ses crises de colère qui éclataient de temps à autres parvenaient parfois à le pousser à bout. Alors, il la laissait seule un moment, en compagnie de ses cigarettes, et revenait une fois qu'elle s'était calmée.

Morgane fumait beaucoup. C'était son vice, son tic. Dès qu'elle se sentait contrariée ou au contraire joyeuse, elle sortait une cigarette de sa poche (qui n'en manquait jamais) et s'appuyait tranquillement contre la rambarde du bateau.
Fumer en admirant l'océan était sans doute l'une de ses activités préférés ; d'ailleurs, souvent, c'était l'image qu'on retenait d'elle : une gamine avachie au dessus de l'eau, cigare entre les doigts, en train de cracher une bouffée de fumée blanche, le regard plongé dans le vague.
Elle aimait aussi l'alcool, particulièrement le bon vin rouge qu'elle ouvrait aux grandes occasions. Elle en avait une caisse, à bord du bateau : sa "collection personnelle", comme elle l'appelait. Les seules personnes qui avaient le droit de partager ces rares bouteilles avec elle étaient ses subordonnés.
L'Atlante était réputée pour son manque flagrant de générosité. Elle n'était pas prêteuse, et c'était là l'un de ses plus grands défauts ; on disait que tous les individus de son espèce étaient semblables, durs en affaires et n'acceptant pas le marchandage… Mais Morgane était certainement l'une des plus caractéristiques. Elle n'en démordait pas et pouvait même devenir agressive et insultante si on tentait de la voler. Rich prenait alors le relai pour éviter que la situation ne s'envenime. En plus d'être un ami de confiance, c'était sans doute l'un des meilleurs collègues qu'elle pouvait trouver ; elle le considérait comme son égal et était plutôt fière de lui, même si elle ne le montrait pas facilement. D'ailleurs, elle lui menait toujours la vie dure, presque plus qu'à Marco.

Morgane aimait abuser de son statut de patronne : elle écrasait souvent ses matelots à force d'autorité et de remontrances ; il n'y avait pas forcément de bonne raison à cela ; les intéressés en avaient donc conclu que leur chère capitaine passait ses nerfs sur eux. Avec le temps et l'expérience, ils avaient appris à passer outre la tornade Beemer qui s'abattait sur le navire au moins une fois par semaine. Il arrivait pourtant que l'un d'eux craque et se dispute avec elle ; il était vrai que son exigence débordante, son côté capricieux et tyrannique devenait très vite insupportable. Malheureusement, lui répondre était peut-être pire que de se taire… Marco, après plusieurs joutes verbales endiablées l'avait compris et avait fini par adopter le comportement paisible de son compagnon.

Longtemps auparavant, le jeune homme était tombé amoureux de la demoiselle ; il la trouvait charmante, délicate… Effectivement, l'Atlante pouvait plaire (c'était d'ailleurs fréquent). Mais rares étaient ceux qui restait sous le charme après avoir appris à la connaître.
La jeune femme n'avait eu que très peu d'expériences amoureuses, d'autant plus que son attirance pour les femmes ne rendait pas les choses faciles. Elle se plaignait souvent de n'avoir personne à aimer… L'affection débordante d'un couple lui manquait, et sa dernière histoire s'était conclue assez tristement. Morgane était au fond très romantique et sensible ; elle s'attachait d'ailleurs facilement. Il lui suffisait parfois d'une conversation intéressante avec quelqu'un qu'elle trouvait gentil et attirant pour faire chavirer son cœur… Elle avait d'ailleurs le mérite de ne pas s'arrêter au physique mais de creuser pour découvrir la beauté intérieure de ceux qui l'entouraient ; c'était là l'une de ses qualités les plus marquantes : elle appréciait aller au devant des gens pour apprendre à les connaître, et arrivait à faire parler les plus timides…

Cette ouverture d'esprit se retrouvait dans sa vision du monde et des différents peuples qui l'habitaient. Elle ne portait que très peu d'attention aux frontières entre royaumes et cultures ; pour elle, elles n'étaient que des marquages inutiles qui rendaient la vie plus compliquée.
Au fond, Morgane se sentait chez elle partout, sans attache et le cœur bohème. Sa seule véritable maison, comme elle aimait le dire, était l'océan.

Physique


Elle nageait.
Morgane progressait dans une eau pure, cristalline, peuplée de créatures extraordinaires… Des poissons multicolores se cachaient derrière les rochers, des algues ondulantes tapissaient les profondeurs, offrant un spectacle éblouissant. Tout était calme et harmonieux. Elle sentait le courant frais caresser chaque parcelle de son corps, et il lui semblait être débarrassée de tous ses maux ; comme si elle connaissait une renaissance. Un renouveau.
Et puis, tout sembla basculer, d'un seul coup. Le courant s'intensifia, à contre-sens ; avancer devint plus compliqué. Alors, elle s'accrocha tant bien que mal, fit des mouvements plus amples pour rester maître de la situation, en vain. Il lui semblait perdre peu à peu toute son énergie, ne plus pouvoir respirer convenablement. Elle s'étouffait.
Sa gorge se serra, elle suffoqua un moment, désormais immobile, comme paralysée. Le courant la poussait, elle était propulsée en arrière, elle tournait sur elle-même, piégée par la force de l'eau…
Tout devint noir.
Morgane ouvrit les yeux sur le visage fatigué de son matelot, Rich. Une main abattue sur son épaule, il l'incitait à se lever. Désorientée, la jeune femme sembla chercher ses repères un moment, avant de comprendre qu'elle était couchée dans son hamac. Il tanguait doucement…
Elle se redressa tant bien que mal et se frotta les yeux ; sa vision était flou, sa respiration rapide. Elle pouvait encore sentir le courant déchaîné qui s'abattait sur elle et l'emportait, la noyait. D'un seul coup, elle était devenue humaine…

Rich s'était éloigné pour rejoindre son propre hamac et s'y allonger sans plus tarder. Il avait dû naviguer toute la nuit ; quelques heures de repos s'imposaient.
L'Atlante, après être restée un long moment immobile, pensive, finit par se lever. Le cauchemar s'évanouissait, à présent, tel un mirage… Dans une demie-heure, il n'en resterait plus aucune trace.
Machinalement, la capitaine se dirigea vers une pierre polie, accrochée au mur de la cabine ; elle reflétait son visage, le déformant quelque peu ; néanmoins, elle pouvait y discerner les stigmates d'une nuit agitée. Ses traits étaient durs, ses yeux fatigués. Morgane s'accroupit pour plonger ses mains dans un sceau d'eau douce, fraîche, qu'elle s'étala sur la figure, sans plus de ménagement. Elle se sentit revivre.
Saisissant un peigne en corne de Gobheinn sur une petite étagère, elle commença alors à coiffer ses cheveux vers l'arrière ; leur couleur bleu pâle était dévorée par la pénombre qui régnait dans la cabine. Quelques mèches glissaient de par et d'autre ; elle les rattrapait doucement. Ils étaient abîmés par le sel, rendus rêches. Cela ne les empêchait pas d'être raide comme des baguettes de tambour ; ils étaient difficiles à coiffer, mais la jeune femme se débrouillait toujours pour les réunir en une lourde tresse qui retombait ensuite sur ses épaules. Elle saisit un bijou qui servait à les attacher, orné de trois perles bleu azur qui brillaient à la lumière du soleil, et acheva ainsi sa coiffure, avec une adresse certaine qu'on reconnaissait aux habitués.
Pendant ce temps, son reflet dans le miroir ne la quittait pas des yeux. Yeux atypiques d'ailleurs, qu'elle tenait de sa mère. Ses iris brillaient d'un éclat violet, mystérieux, couronnés de longs cils fournis. Ils étaient en amande, grands et malicieux.  On les trouvait souvent charmants ; c'était par ailleurs ce qu'elle aimait le plus chez elle.
Du reste, un petit nez prenait naissance non loin de là et s'achevait en trompette ; il était mignon, peut-être pas des plus beaux, certes, mais assez drôle. Sa bouche, quant à elle, était un peu petite, quoi que munie de lèvres pulpeuses et rosées. Elle ne se maquillait pas, n'en voyant pas vraiment l'utilité.
Aujourd'hui, son teint de pêche, bronzé par de longs voyages au soleil, était un peu blafard, accompagné de larges cernes qui semblaient se perdre au commencement de ses pommettes ; pommettes d'ailleurs saillantes, donnant un air plus adulte à son visage globalement petit et rond, terminé par un menton pointu. Elle avait une tête d'ange, enfantine, avec ses grands yeux enjoués. Son cou, lui aussi, était assez fin, et donnait naissance à de petites épaules laissées nues par sa chemise de nuit.

Morgane avait achevé son rituel du matin, se sentant désormais un peu plus lucide et réactive… Elle retourna alors à son hamac et chercha ses vêtements de la veille. Dans un sac de toile, toutes ses affaires pour le voyage. On y trouvait beaucoup de pantalons, et bien cinq ou six chemises, aux teintes semblables. Elle n'aimait pas vraiment les robes, qu'elle trouvait désagréables et peu fonctionnelles, alors elle adoptait souvent les codes vestimentaires masculins. Entourée de ses deux matelots, c'était certainement ce qu'elle avait de mieux à faire.
La jeune femme jeta un coup d'œil furtif au hamac de Rich ; tourné de l'autre côté, il ne pouvait pas la voir ; elle n'hésita donc pas à se déshabiller pour revêtir sa tenue du jour.
Quiconque l'aurait vue nue comme un ver, à cet instant précis, l'aurait trouvait malingre et fluette. Elle était petite, à peine un mètre soixante, et avait la peau sur les os, pas vraiment de formes, seulement une taille fine qu'elle aimait mettre en valeur. Pourtant, même si son corps paraissait faible et peu habitué à l'effort, elle était sans doute la plus vaillante sur le navire ; beaucoup s'étaient étonnés de la voir porter à bout de bras des caisses entières de marchandises… Certains, ne pouvant expliquer ce phénomène, soupçonnait la jeune femme d'être dotée d'un don magique particulier.
Ses compagnons de route plaisantaient souvent en affirmant que leur patronne était sans doute la plus virile des trois ; cela ne voulait pas pour autant dire qu'elle manquait de grâce ou de finesse : Morgane tenait à être irréprochable en toutes circonstances ; aussi, même les femmes les plus  attachées aux codes de l'époque ne pouvait pas nier l'harmonie de ses vêtements, qu'elle accommodait le plus souvent avec des accessoires plus clinquants et féminins. Aujourd'hui, un nœud rouge vif avait pris place autour de son cou, rappelant la couleur carmin de ses sandales. À ses oreilles, ses traditionnels disques d'or qu'elle avait hérités de sa sœur et dont elle ne se séparait jamais.
Elle se redressa une bonne fois pour toutes, fin prête, et se dirigea vers l'escalier qui la mènerait directement à l'air libre ; Marco devait l'attendre. Avant de quitter la cabine, elle saisit son petit sabre, à la lame quelque peu émoussée, qui reposait dans un coin.
Mieux valait être toujours prudente, même si souvent, personne n'en voyait la raison.


Histoire


~~~
Nous pensons à la terre
Que nous fuyons toujours,
À notre vieille mère,
À nos jeunes amours ;
Mais la vague légère
Avec son doux refrain
Endort notre chagrin.
~~~

Quand cesseront-ils ?
Des gouttes de sueur froide perlaient sur le front de Morgane. Enfouie sous les couvertures, elle fixait les ténèbres d'un œil dérouté ; ces réveils soudains, agités, elle les connaissait bien, mais elle ne s'y était jamais habituée.
Alors elle restait là, immobile, reprenant doucement ses esprits…
Le cauchemar s'effaçait peu à peu, laissant dans son sillage une trainée d'idées noires, et un petit quelque chose qui lui serrait fort la gorge, et faisait se presser les larmes au coin de ses yeux…
C'était une image terrible qu'elle oubliait au bout de quelques minutes, sans même avoir eu le temps de lui dire "à la prochaine". Toujours la même. Toujours cette vision de cadavre.
Une femme en très mauvais état, à moitié nue, ensanglantée et livide, sur les pavés sales du port de Minato. Des cris d'épouvante autour, des chuchotements… Et elle, qui se tenait debout devant ce triste spectacle, comme paralysée.
Les larmes refusaient de couler, elles restaient suspendues à ses cils. Elles séchaient avec le sel qui collait à sa peau. Ses petits poings d'enfants étaient fermés ; elle y plantait ses ongles avec férocité… Et elle se réveillait, d'un coup ; de longues marques rouges striaient alors ses paumes. Elle se sentait idiote.

Le sommeil parti, toujours immobile, Morgane se remémorait alors son enfance, sans pour autant savoir pourquoi. Ou du moins… Sans pour autant en avoir envie.
D'abord des paroles, la voix de sa mère, celle de son père… Puis des images, et des scènes complètes.
Elle se rappelait tout d'abord la première fois qu'elle avait mis les pieds dans l'eau. On disait souvent que c'était le premier souvenir d'un Atlante.
Le contact de cette dernière sur sa peau avait été si délicieux, si naturel qu'elle ne pourrait sans doute jamais l'oublier… C'était comme… Comme si elle avait toujours vécu dans l'eau. Sans doute un sentiment que tous ses semblables partageaient. Sa mère, qui veillait sur elle d'un œil attendri, riait doucement, tandis que son père jouait l'indifférent mais versait certainement une petite larme d'émotion de son côté. Les Atlantes n'apprenaient pas à nager ; c'était inné, chez eux. Aussi, Morgane se souvenait avoir rejoint sa grande sœur, qui batifolait joyeusement non loin de là. Elles avaient joué ensemble toute l'après-midi, profitant du temps idéal qu'offrait le plus souvent Niinamu.
Les yeux d'Elvire, ce jour-là, brillaient des mille couleurs de l'océan ; elle avait ceux de leur père, d'un bleu profond dans lequel on se perdait. Ils avaient toujours été magnifiques, sans doute les plus beaux que Morgane ait vus de sa vie. Et cette lueur intrépide ne s'était à aucun moment amoindrie. Elle avait toujours été une jeune femme libre, courageuse et aventureuse… Un exemple sans doute pour la petite fille qu'elle était à cette époque ; sa source d'inspiration.

La jeune femme se souvenait alors de leur maison ; c'était une habitation qu'occupaient traditionnellement les pêcheurs, et dont ils héritaient de génération en génération. En bois brun, elle pouvait paraître rustique, mais Morgane se rappelait au combien elle s'y sentait à sa place : l'odeur familière que ramenait chaque soir son père de l'extérieur, une odeur de poisson, de mer et d'aventure ; cette vue directe sur l'océan qu'elle avait depuis la chambre qu'elle avait toujours partagée avec sa sœur...
Il y avait quelques livres dans une vieille étagère toute rabougrie. De temps à autre, Elvire, qui était allée à l'école jusqu'à ses quatorze ans, en prenait un et lui lisait de vieux contes pour enfant. Elles s'asseyaient toutes les deux sur le lit dans lequel elles dormaient ensemble, et se perdaient entre les pages, rêvant d'une vie fantastique, loin des côtes, loin de tout.

Leur mère n'appréciait que très peu leurs envies d'escapade, et leur contait souvent les dangers qui peuplaient le monde. Elle aimait réciter des histoires effrayantes d'enfants qui finissaient dévorés par des créatures sauvages, de marins disparus en mer, sans doute entrainés dans les abysses par des poulpes géants et destructeurs… Leur père, quant à lui, répétait souvent que les femmes n'avaient pas leur place à bord d'un navire, qu'elles n'étaient pas assez forte pour endurer les tourments de l'océan. Elvire le contredisait presque à chaque fois, et, forte tête, parvenait parfois à emporter les débats, qui recommençaient le soir suivant, indéfiniment.
C'était des discussions répétitives et familières, qui finissaient par faire rire l'enfant qu'était Morgane ; elle se taisait, tout au bout de la table où ils prenaient tous les quatre leur repas, et assistait à ces joutes verbales endiablées, un petit air sérieux figé sur son visage d'enfant.

Petite, elle était moins téméraire que sa grande sœur. Une réserve naturelle qui l'empêchait d'aborder les passants aussi facilement qu'elle le faisait aujourd'hui. À Minato, pourtant, rares étaient ceux qui ne connaissaient pas la famille Beemer. C'était une lignée d'Atlante qui avait longtemps eu le monopole de la pêche dans la région, mais qui, peu à peu, avait perdu de sa superbe pour redevenir tout à fait banale, frôlant le seuil de pauvreté. Cette gloire perdue, son père la portait toujours dans son cœur ; elle se manifestait par un manque de modestie conséquent qui agaçait tout particulièrement ses collègues. On ne l'aimait pas ; on redoutait d'ailleurs ses moments de colère intempestifs qui apparaissaient après avoir bu quelques verres d'alcool. Le père Beemer était loin d'être un agneau, contrairement à sa femme, que beaucoup appréciaient pour sa droiture et sa générosité.
Leurs deux filles, par contre, se trouvaient être chouchoutées par la plupart des pêcheurs de la ville. On les trouvait mignonnes, drôles et intelligentes, et contrairement aux aprioris de leur père, on prédisait un bel avenir à Elvire, qui manifestait un véritable sens du commerce et de nombreuses aptitudes pour la navigation.

Morgane, elle, se souvenait avoir redouté le départ de sa sœur, qui alors qu'elle avait dix ans, était l'une de ses seules camarades. Son entrée à l'école changea la donne et la sépara de cette dernière, qui se destinait à d'autres activités plus intéressantes que la garde d'enfant.
C'est à ses treize ans qu'elle rencontra Richard ; petit garçon malingre souvent à la traîne, elle s'était prise d'affection pour lui. Petit à petit, elle s'était imposée comme une amie sûre et fidèle, qui le menait néanmoins par le bout du nez. C'était sans doute avec lui qu'elle avait appris à s'affirmer, se forgeant alors un caractère similaire à celui de sa grande sœur. Les autres enfants s'étaient alors intéressés à eux, attirés par ce regain d'autorité qui la différenciait des autres… Rich ne s'était jamais plaint de sa position ; avoir l'amitié et la protection de Morgane lui suffisait à l'époque, et malgré le caractère tout à fait étonnant de leur relation, ils avaient tout deux forgé des liens solides qui demeuraient encore intacts aujourd'hui.
La jeune fille réservée qu'elle était tantôt devint alors une véritable teigne, crainte des professeurs pour son bagout et son côté bout-en train. Elle fut de nombreuses fois punie, exclue de l'école quelques jours, sans pour autant présenter des résultats catastrophiques : Morgane ne s'était jamais donné la peine d'être une bonne élève, même si elle en avait les capacités. Travailler derrière un bureau l'avait bien vite lassée, et comme Elvire, aux portes de l'adolescence, elle s'imaginait déjà à la barre de son propre navire, sillonnant mers et océans.

C'était aussi l'époque des premiers amours. Si Rich l'avait longtemps aimée en secret sans oser lui avouer, Morgane, quant à elle, avait un autre problème en tête. Ce n'était pas Rich qui suscitait chez elle l'émoi amoureux, mais plutôt sa petite voisine, qui répondait au doux nom de Cora. L'attirance qu'elle ressentait pour cette jeune humaine devenait une obsession qui la faisait terriblement souffrir ; elle ne confia ce secret à personne, ou presque… Sa sœur, qui était désormais embauchée en tant que pêcheuse sur un autre navire que celui de la famille, l'avait découvert par elle même le temps d'un week-end. Les tentatives d'approches de la jeune Atlante l'avaient trahie ; Cora était une enfant capricieuse, difficile à amadouer. Morgane lui offrait de jolies fleurs qu'elle trouvait sur les hauteurs de Minato, et en sa compagnie, perdait toute sa superbe pour devenir soumise et obéissante. L'humaine en jouait beaucoup, et le petit manège de sa sœur avec considérablement surpris Elvire qui n'avait pas mis longtemps à comprendre son origine. Elle n'en avait pas tout de suite parlé à sa cadette, préférant trouver les bons mots, et puis un soir, elle l'avait surprise appuyée contre le rebord de la fenêtre de leur chambre, toute triste. C'était là qu'elle avait abordé le sujet.
Au jour d'aujourd'hui, Morgane s'en souvenait encore très distinctement. C'était comme un tournant… Un moment clé de son existence ; ce soir-là, elle avait su qu'elle pourrait toujours compter sur sa grande sœur, et que ce secret qu'elle réprimait depuis déjà trop longtemps n'était pas une honte…
Malgré tout, Elvire lui déconseilla d'en parler aux autres, de peur que leurs réactions soient différentes. Morgane avait promis de ne pas le faire, et d'ailleurs, elle n'avait jamais trahi cette promesse. Enfin, pas vraiment. Seuls ses moussaillons savaient à présent, mais Rich et Marco faisaient partie de la famille, sa famille, celle de cœur.

Au final, Cora n'avait pas voulu d'elle. Pas même en amie. Ç'avait été une grande déception, et l'Atlante se souvenait avoir eu le cœur brisé. Tant, qu'elle s'était retranchée sur Rich, certainement pour combler ce sentiment de solitude qui la faisait alors souffrir. Elle ne l'aimait pas, mais avait trouvé agréable de partager quelques mois d'intimité avec lui, sans pour autant trouver son comportement acceptable. Des années plus tard, elle regrettait encore d'avoir si bêtement cédé aux avances du garçon et d'avoir joué avec son petit cœur. Elle lui avait volé ses premières fois, elle les avait elle-même perdues… Voilà à quoi pouvait vous mener l'amour déçu.
Son camarade ne lui avait pourtant jamais reproché ses actes ; elle s'était excusée, il lui avait pardonnée. Ça s'était arrêté là.

Il y avait eu une période de creux. Le calme plat, la vie qui suivait tranquillement son cours… Ce flottement parut étrange à la jeune fille, elle s'en souvenait. Comme si quelque chose se tramait dans l'ombre, quelque chose de grave.
Elle avait désormais seize ans, venait de quitter l'école en ayant acquis le minimum de connaissances nécessaire à la vie de tous les jours, et cherchait un emploi. Sa mère, qui travaillait comme serveuse dans la taverne de la ville, était parvenue à la faire embaucher elle-aussi. Si Elvire avait tout de suite été recrutée pour partir en mer, personne n'avait voulu de Morgane. L'Atlante se rappelait avoir été terriblement jalouse de cet écart qu'il y avait entre elle et sa sœur. Elle n'admettait pas qu'on puisse la trouver moins douée, moins mature que cette dernière, même si c'était le cas.
À cette époque, la jeune fille avait perdu son meilleur ami de vue, et s'en trouvait peinée ; sa mère aimait lui dire qu'elle pourrait ainsi prendre un nouveau départ, faire la connaissance d'autres personnes, peut-être même trouver un mari qui conviendrait à son père… Elle faisait sûrement référence au jeune Atlante qui travaillait aussi à la taverne ; un grand gaillard aux cheveux bleu marine qui lui faisait souvent de l'œil. Son regard insistant lui donnait presque envie de vomir, et ce souvenir la faisait désormais sourire béatement.

Morgane ignora les recommendations de sa mère et les coups d'œil de son collègue. Elle n'avait d'yeux que pour une jolie fille qui venait prendre une chope de cervoise les vendredi soirs. Blonde, les yeux verts-gris, elle était toujours plongée dans un vieux manuscrit, studieuse. Elle se dépêchait pour prendre sa commande, et lui faisait parfois même cadeau d'un verre. Malheureusement, l'objet de tous ses désirs ne semblait pas s'intéresser à elle, et Morgane s'en trouvait bien souvent tout à fait désarçonnée… Jusqu'au jour où elle glissa sur les restes d'une boisson renversée un peu plus tôt dans la journée, répandant tout le contenu des commandes sur la robe bleu azur de sa cliente. Le rouge lui était si violemment monté aux joues que la jeune femme avait ravalé sa colère et avait même paru attendrie.
Au grand étonnement de Morgane, elle revint les jours suivants ; l'Atlante s'attela à se faire pardonner en lui offrant toujours plus de verres gratuits. Un soir, la jeune femme attendit la fin du service et se posta à l'extérieur ; lorsque Morgane sortit, elle lui demanda une cigarette. Elles parlèrent alors de tout et de rien, se donnèrent rendez-vous le soir suivant, et ainsi de suite…
Alors, une nuit, elle restèrent longtemps seules dehors, se racontant toute sorte d'anecdotes, aidées par une petite bouteille d'alcool que Morgane avait chapardé dans la cave de la taverne… Puis le silence s'était fait, elles avaient toute deux admiré l'océan, dévoré par l'obscurité… Elles avaient échangé un regard qui en disait long, et puis elles s'étaient embrassées.
Morgane se souvenait toujours du premier baiser partagé avec Abby, du goût sucré et musqué d'alcool que portait ses lèvres… Ç'avait été un moment magique qu'elle n'oublierait certainement jamais.

Son aventure avec Abby avait duré un bon bout de temps ; au début, tout était fabuleux. La naissance d'un premier véritable amour l'avait rendue moins teigneuse, plus douce et à l'écoute. Un véritable changement s'était opéré chez elle, encouragé par le caractère patient et généreux de sa compagne. Elles se voyaient tard, elles apprenaient à se connaître… Abby était une mage talentueuse, originaire de Baïren. Elle s'était retirée sur l'île pour un an ou deux. La perspective de son départ rendait Morgane malade, mais elle n'osait se l'avouer… Elle préférait se laisser porter par les moments partagés, pas les nuits passées ensemble, les ballades en bord de mer,…

Et puis un jour, quelque chose de terrible bouleversa leur couple, bouleversa la vie de l'Atlante, et celle de tous les habitants de Minato.

Elle venait alors d'avoir dix-sept ans. C'était une période faste. Cordélia au pouvoir, l'économie se portait mieux. Tant, que sa sœur s'était lancée dans une autre carrière que celle de pêcheuse. Tous les jours, elle descendait dans les tréfonds de l'océan pour y glaner quelques trésors qu'elle revendait à prix d'or. C'était son commerce, son gagne pain, et Morgane l'enviait beaucoup, sans pour autant se sentir capable d'accomplir les mêmes exploits. Il était bien connu que l'océan était peuplé de dangers… Sa sœur et d'autres Atlantes prenaient chaque jour des risques énormes, et elle les admirait tous pour leur courage sans borne… 
Sa sœur faisait par ailleurs la fierté de la famille ; c'était une des meilleures chasseuses de trésors du coin. On disait qu'elle s'aventurait plus loin encore que les autres pour repérer des épaves vieilles de plus de mille ans, perdues dans les abysses.
Elle revint un jour avec de magnifiques anneaux en or massif, qu'elle offrit à Morgane pour son anniversaire. Ce genre de bijoux coûtait cher, trop cher pour être porté par une simple fille de pêcheurs. La jeune femme ne sut jamais comment la remercier, si ce n'est en les portant tous les jours.
Et puis, peu de temps après, Elvire disparut. Du jour au lendemain, plus personne n'eut de nouvelles. Mr Beemer fut le premier à lancer des recherches, rongé par l'inquiétude. Ce fut l'occasion pour Morgane de monter à bord d'un navire, mais, préoccupée, elle n'en tira aucun plaisir.
Elle effectua ces jours-ci ses plus longues virées en mer ; sillonnant l'océan, elle ne trouva rien, pas le moindre signe d'Elvire…
Alors que, quatre jours plus tard, tout le monde avait abandonné tout espoir de la retrouver, elle réalisa qu'elle venait de perdre l'une des personnes les plus chères à son cœur. Elle venait de perdre sa sœur, mais pourtant, elle ne parvenait pas à se figurer ce que cela signifiait. Et puis, il y avait toujours ce soupçon d'espoir qui la taraudait jour et nuit. Elle regardait l'océan et se disait : "elle est peut-être encore vivante. Non. Elle l'est, c'est sûr ! C'est Elvire, elle connaît l'océan comme sa poche… Elle n'aurait pas pu se laisser avoir ! Pas elle."
Mais, au bout d'une semaine, un navire étranger annonça avoir repêché un cadavre, qui flottait au large de Minato. Beaucoup se massèrent sur le quai où il jeta l'ancre. On entendit alors des acclamations de stupeur dans toute la ville… Ce furent eux qui alertèrent Morgane.
Elle se souvenait encore de ce frisson qui avait parcouru son échine, qui l'avait figée. Elle se souvenait de cette course effrénée qu'elle avait faite jusqu'au port, jusqu'à ce quai sur lequel elle n'osa plus jamais remettre les pieds. Elles se souvenait avoir poussé tous ces gens, tous ces idiots qui faisaient de la mort un spectacle morbide… Elle avait entraperçu des cheveux bleus, elle s'était mise à hurler pour qu'on la laisse passer, pour qu'on libère le passage…

Les larmes n'avaient pas voulu couler. Elles étaient restées suspendues à ses cils.

Morgane s'était alors transformée en statue de marbre, froide, éteinte. Quelque chose en elle venait de mourir alors qu'elle avait le cadavre de sa sœur sous les yeux. Le visage émacié d'Elvire, enlaidi par le sel, par l'eau, était tourné vers la foule. Ses yeux, vitreux, vides, paraissaient la fixer. Une main pantelante était ouverte vers elle. Elle lui tendait le bras, comme si elle l'implorait.
La suite était floue. Elle se rappelait juste avoir caressé le front de sa sœur, longtemps. Elle revoyait son père, arrivé en catastrophe, qui lui, n'avait pu retenir ses larmes. Sa mère, quant à elle, n'était pas venue, ne désirant pas voir le cadavre de sa fille. Elle s'était enfermée dans la chambre parentale un jour entier, ne laissant personne entrer.
Et puis la journée s'était terminée dans les bras d'Abby. Elle avait à nouveau tâché sa robe, mais cette fois-ci de ses larmes…
Elles étaient restées comme ça, enlacées, une grande partie de la nuit.

Morgane ne parvint jamais à faire le deuil de sa sœur. L'image de son corps la hantait encore, sa voix cristalline peuplait ses rêves les plus innocents…
Aussi, elle ne put se débarrasser de son chagrin aussi facilement que son père ; Abby en souffrit beaucoup, mais s'efforça de rester stoïque… Jusqu'au jour où elle lui annonça qu'elle partait pour Temnota, afin de reprendre ses études et devenir une mage d'exception. Ce fut le coup de grâce pour la jeune femme… Et sans doute celui qui lui aurait coûté la vie si elle n'avait pas miraculeusement croisé un visage familier dans la rue : Rich était réapparu, comme par magie, à point nommé.
Après quelques banalités échangée autour d'une cervoise, les vieilles habitudes refirent bien vite surface. Rich était parti pour la capitale à la fin de ses études ; il avait de la famille là-bas, ç'avait été assez simple de s'y faire une place. Après quelques années passées au service d'un restaurateur du coin, les quais et les odeurs de Minato lui avaient manqué : le désir de revoir sa ville natale l'avait emporté sur la tranquillité de son petit quotidien de commis de cuisine. Il avait tout abandonné pour revenir à ses racines, et était arrivé quelques jours plus tôt.
Il lui avait raconté ses gaffes des premiers mois, ses conquêtes, ses chagrins d'amour avec toute la franchise que leur permettait autrefois leur grande amitié ; il lui avait décrit la capitale, la vie qu'on y menait, la nouvelle reine, bien décidée à remettre le pays sur pied… Et puis, avec un grand sourire, cet homme qui était devenu si grand, si mature, si assuré, avait invité sa vieille amie à lui faire à son tour part de sa vie, de ses expériences. Le travail en tant que serveuse, sa rencontre avec cet "homme", sa relation, sa rupture encore récente… Et puis la mort de sa sœur, déjà lointaine, mais encore douloureuse ; tant, que lui en parler avait été un déchirement. Rich avait compris sa détresse : il lui avait payé un autre verre en signe de compassion, un verre d'alcool fort cette fois-ci, comme pour faire passer la pilule.
Alors, lorsqu'ils étaient sortis, Morgane s'était avancée tout près des quais ; la nuit était tombée, elle ne voyait pas à cinq mètres devant elle. Elle s'était soudainement sentie perdue ; la solitude s'était abattue sur ses épaules, d'un seul coup, sans prévenir. Elle avait tout à coup réellement pris conscience de sa situation, de tout ce qui lui était arrivé. Une vérité terrible, qu'elle se cachait jusqu'à présent, l'avait écrasée. L'Atlante s'était effondrée, ses sanglots accompagnant le doux bruit de va-et-vient des vagues qui s'écrasaient sur les jetées. Rich l'avait alors prise dans ses bras, et ils étaient restés comme ça longtemps, seuls dans la nuit noire et le froid de ce début d'hiver.

Morgane s'était accrochée à Rich comme à une bouée qui pouvait la sauver à tout moment de la noyade. Chaque instant passé en sa compagnie chassait ses idées noires et lui rappelait le bon vieux temps. Leur amitié, refroidie par l'absence et l'éloignement, s'était peu à peu restaurée, pour devenir encore plus forte qu'au temps de l'adolescence. Il s'opérait comme une sorte de fusion entre leurs deux esprits, quelque chose de fort… Si fort que la jeune femme avait même décidé de rompre la promesse qu'elle avait faite quelques années plus tôt à sa sœur. Lorsque Rich avait appris son homosexualité, il ne s'en était pas offusqué. Il n'avait tout simplement pas réagi, ça n'avait rien changé… Il précisa tout de même qu'il "n'était pas étonné". Morgane prit cette déclaration comme une marque de son assentiment, et s'en contenta fort bien.
Tout deux travaillèrent un moment dans un petit équipage du coin, équipage de pêcheurs qui s'aventuraient un peu plus loin que les autres et passaient parfois quelques jours en mer. C'était la seule solution qu'avait trouvée Morgane pour pouvoir pardonner à l'océan de lui avoir pris sa sœur, faire le deuil certainement. Et puis, elle avait un projet en tête, projet qui quelques mois plus tard se concrétiserait malgré les diverses critiques. Son père allait bientôt être à la retraite, et cela faisait déjà quelques temps que son bateau restait amarré au port. L'Atlante voyait là une grande opportunité : un avenir radieux s'offrait à elle.
Rich lui avait une fois parlé de commerçants qui passaient les marchandises d'un continent à l'autre par voie maritime. Il avait aussi évoqué les contrebandiers qui permettaient les échange entre les royaumes malgré les tensions politiques qui régissaient les relations internationales.
Elle rêvait de ce métier… Ou plutôt, elle rêvait d'aventure, et cette profession semblait parfaitement appropriée à son envie de découverte du monde.
Aussi, elle attendit ses dix-neuf ans pour mettre les pieds dans le plat : lors d'un dîner, son père avait parlé de vendre le navire : Morgane s'y était opposée et, prenant son courage à deux mains, elle lui avait exposé son projet qu'elle concoctait depuis déjà quelques temps. Elle avait tout prévu, tout calculé, jusqu'à même aller à la rencontre de commerçants qui faisaient déjà passer leurs marchandises d'un pays à l'autre par l'océan. Elle avait sympathisé, proposé des marchés à l'avance, à ses risques et périls.
La réaction de Monsieur Beemer ne fut pas elle qu'elle avait escomptée ; il s'était montré très fermé au projet, très pessimiste… Il avait même refusé dans un premier temps, avant de dire que "de toute façon, le bateau ne valait rien et qu'il ne servait à rien de le vendre". Une manière d'accepter tout en montrant son profond désaccord.
Morgane s'était tout d'abord sentie vexée, piquée au vif, puis elle s'était rappelée les débats que tenait Elvire avec son père, et cela l'avait un tant soit peu réconforté. Les aprioris du vieux pêcheur étaient connus de tous et n'auraient pas dû la surprendre. Elle ne devait en aucun cas s'y arrêter.

Rich, quant à lui, fut son premier soutien, jusqu'à même démissionner de son travail pour se lancer dans le rafistolage du navire. Il n'abandonna pas Morgane une seule fois, malgré les coups de gueule et les périodes de découragement.
Ils firent leur premier voyage ensemble, celui qui lança les affaires de Mlle Beemer et de son équipage. Celui qui marqua le début d'une nouvelle histoire pour la jeune femme.

Se faire un nom au sein du milieu contrebandier et commerçant en tant qu'Atlante et surtout en tant que femme ne fut pas chose facile. Morgane usa de son autorité, de ses charmes, parfois de son côté impitoyable et rancunier pour s'en sortir et se faire une place. Elle n'hésita pas à écraser les plus faibles pour monter en grade, à descendre par n'importe quels moyens ceux qui s'opposaient à elle.
Elle était parvenue à ses fins. Elle les avait fait taire… Il en restait pourtant quelques-uns, encore à ce jour, qui continuaient de l'embêter, de la provoquer : une véritable bataille navale s'était engagée entre eux sur la scène commerçante, de quoi en perdre la tête.

Engager Marco, un ou deux ans plus tard, avait finalement permis à l'équipage Beemer d'améliorer ses transactions et sa performance.

À présent, il fallait prendre garde à ne pas se laisser attraper. On surveillait les routes maritimes, on interceptait des marchandises interdites, on emprisonnait les contrebandiers… Certains disparaissaient.
C'était un défi que Morgane se sentait de relever : un défi parmi tant d'autres, qui avait pourtant une saveur particulière. Il lui rappelait au combien le monde était instable et au combien les années à venir seraient dures et impitoyables.

Elle se devait de s'accrocher. Pour sa sœur, pour toutes les espérances qu'elle avait autrefois placées en elle.








POUVOIR


Corps robuste — Quel drôle de don, n'est-ce pas ? Aucun Atlante n'en avait de similaire, ou du moins, parmi ceux que Morgane connaissait. Elle l'aimait bien son pouvoir, il était plutôt pratique, surtout dans son métier. Quand on la voyait comme ça, tout fine, sans un gramme de gras et une once de muscles, on l'imaginait faible. Mais c'était sans compter la nature qui lui avait conféré une force incroyable.
Quoi ? Ce n'était pas juste ? Il était vrai que les amateurs de musculation et autres activités physiques visant à les rendre plus robustes avaient de quoi être jaloux. Néanmoins, la jeune femme estimait que son don n'était pas tout à fait infaillible.

Loin de là, même.

Certes, avec lui, elle pouvait soulever une caisse de cinquante kilos sans rechigner ou ployer ; c'était utile quand elle devait charger les marchandises, sur le navire. Son record devait s'élever à environ quatre-cent kilogrammes…
Mais il fallait aussi se rendre côte de ce que lui coûtait cette force surhumaine.
Chaque fois qu'elle utilisait son pouvoir, elle sentait peu à peu son énergie partir. Son corps s'en vidait petit à petit, et sa tête commençait à lui faire mal, des vertiges apparaissaient… Une fois même, elle avait manqué de tomber dans les pommes. Morgane ignorait jusqu'où elle pouvait pousser son don… Et ce qu'il adviendrait d'elle si elle en abusait. Elle supposait être capable d'en mourir, ou peut-être de tomber dans un comas profond. Il valait mieux éviter.
Pour ne pas prendre trop de risque, il lui arrivait de compter dans sa tête. Les secondes s'égrainaient doucement… Elle arrivait à une minute, deux minutes… Là, elle commençait à avoir quelques vertiges. À trois minutes, elle haletait et y voyait flou. La fatigue se faisait ressentir. À quatre minutes, ses jambes, ses bras étaient de plomb… C'était bientôt la fin. Sa tête lui faisait tellement mal qu'elle était tentée de la cogner contre un mur. Le sang pulsait sur ses tempes à une vive allure. Cinq minutes était sa grande limite, et encore, elle finissait dans un état plus que pitoyable. Bien sûr, ce décompte variait selon les objets ou éléments soulevés. Celui-ci correspondait à environ cent kilogrammes. Elle pouvait porter deux minutes à bout de bras quelque chose de deux cents kilos, et ainsi de suite.

Un peu de vous


Ton blaz' : Avant c'était Vanou (au fond de nos cœurs, à Ayden et moi, ça l'est toujours), mais je compte sur vous pour en trouver un nouveau avec tout autant de style ♥️   franchement Vanou, c'est bien, c'est doux

Âge : 17 patates, et une qui va pas tarder à germer !

Comment as-tu trouvé le forum ? : Je suis un très bon GPS, je me recommande.

As-tu une suggestion à nous faire ? : Je rejoins notre cher Ayden : MOINS DE ROUGE MON DIEU Morgane K. Beemer • L'éperon du navire ouvre nos champs d'azur 824310716 meeeeuh non ! ce n'est pas moi qui ai choisi cette couleur voyons

Quelque chose de plus à nous dire à ton sujet ?   : Je suis très tentée par cette secte qui vénère les points de suspension, tiens. On y entre comment ?

Morgane K. Beemer
Morgane K. Beemer
Niinamu
Messages : 10
Royaume : Niinamu
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Ven 24 Aoû - 11:26
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Le Gardien

Félicitations ! Tu es validé(e) !

Morgane K. Beemer • L'éperon du navire ouvre nos champs d'azur Bloggi12


De nouvelle contrées t'attendent !


Toi aussi tu seras traité de la même façon qu'un membre lambda ! Même si le fait que le gardien se déplace pour toi signifie que tu as passé le teste d'entré. Félicitation te voilà paré à l'aventure !

On aura finalement réussit à en voir le bout  Morgane K. Beemer • L'éperon du navire ouvre nos champs d'azur 3160298868 Ton histoire tient en halène tout du long -on sent que quelque chose s'est passé mais jamais quoi jusqu'au moment décisif-. J'ai un peu de peine pour Morgane qui a perdu beaucoup, mais ne peut que l'admirer d'avoir réussi à remonter la pente et à vivre comme elle l'a toujours voulu. Ta fiche donne envie de dire au diable l'avis des autres, moi aussi je vais foncer vers ce qui me fait plaisir !

Morgane me fait un peu penser à une petite chipie qu'on peut qu'aimer malgré ces caprices xD Je valide en usant de ma toute puissance sans problème cette fichette toute jolie~

La procédure l'exigent -les papiers c'est chiant mais on a pas le choix- je te renvois sur ces deux petits liens pour complété définitivement ton inscription. Ici pour être sûr que ton belle avatar ne se fasse pas prendre par une autre personne, et ici pour nous faire par de ton pouvoir et l'ajouter à notre belle collection. Enfin, tu peux également aller faire un tour pour aller voir les liens rechercher et poster toi aussi une petite fichette si le coeur t'en dit.

Moi-même et Tetratopia te souhaitons encore une fois bienvenu dans cette grande famille  Morgane K. Beemer • L'éperon du navire ouvre nos champs d'azur 306499400


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